L’Alliance des États du Sahel (AES) explore de nouvelles perspectives dans le domaine des télécommunications. Un projet ambitieux de création d’un opérateur mobile dédié aux trois pays membres est en cours de discussion, ouvrant ainsi la voie à une coopération renforcée dans le secteur du numérique.

Le 31 janvier, une délégation dirigée par Nam Waya Rahouf Ouédraogo a présenté le projet Teriatel à Aminata Zerbo/Sabane, ministre burkinabè de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques. L’objectif est clair : proposer des solutions de télécommunication fiables et adaptées aux besoins du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

Bien que porté par des acteurs privés, ce projet s’inscrit dans une dynamique régionale. Depuis novembre 2024, les pays de l’AES travaillent à l’élaboration d’une feuille de route commune pour le numérique et les télécoms. L’itinérance gratuite entre ces États, officiellement en vigueur depuis le 1er janvier 2025, en est une première concrétisation. Par ailleurs, des projets de satellites destinés aux services télécoms sont également en développement.

Un Marché Convoité et Déjà Structuré

Le marché de la téléphonie mobile au sein de l’AES est actuellement dominé par plusieurs opérateurs bien établis : Airtel, Moov Africa, Niger Télécoms et Zamani au Niger ; Onatel (Moov Africa), Telecel et Orange au Burkina Faso ; Sotelma (Moov Africa), Orange et Telecel au Mali. En 2023, ces opérateurs desservaient ensemble 69,2 millions de cartes SIM pour une population totale de 73,7 millions d’habitants, selon les données de la Banque mondiale. Toutefois, le nombre réel d’abonnés est sans doute inférieur, certaines personnes possédant plusieurs cartes SIM.

L’arrivée de Teriatel représenterait donc un défi de taille. Pour se faire une place sur ce marché concurrentiel, il lui faudra proposer des offres attractives et se conformer aux réglementations en vigueur. Pour l’heure, le projet en est encore à ses balbutiements. Il n’a pas encore été présenté aux autorités nigériennes et maliennes, et sa faisabilité reste à évaluer.

Si l’initiative reçoit l’aval des gouvernements concernés, des négociations devront être engagées avec les régulateurs pour définir les conditions de son lancement. En attendant, la ministre burkinabè a annoncé l’organisation de séances de travail avec ses équipes techniques pour examiner les détails du projet. Une étape clé avant d’envisager la concrétisation de ce nouvel acteur des télécommunications dans l’espace AES.