Le nouveau Premier ministre du Burkina Faso, Jean Emmanuel Ouédraogo, a dévoilé la composition de son gouvernement le 8 décembre, marqué par un équilibre subtil entre continuité et changements inattendus. Ce remaniement suscite interrogations et débats, notamment en raison du départ de certaines figures clés du paysage politique burkinabè.

Journaliste chevronné, Jean Emmanuel Ouédraogo, 41 ans, s’est forgé une solide réputation en tant qu’ancien rédacteur en chef puis directeur de la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), la télévision publique. Il s’est progressivement imposé comme un proche collaborateur d’Ibrahim Traoré, le président de la transition. Son rôle avait été crucial lors du coup d’État du 30 septembre 2022, lorsqu’il avait permis aux officiers putschistes de s’exprimer sur les ondes nationales, officialisant ainsi leur prise de pouvoir.

Cette nomination, perçue comme stratégique, conforte l’influence croissante de Jean Emmanuel Ouédraogo au sein du cercle rapproché de la transition. En effet, son profil mêlant communication, loyauté et maîtrise des enjeux médiatiques en fait un atout majeur pour le régime, dans un contexte de tensions sécuritaires et politiques.

Le nouveau gouvernement s’inscrit dans une logique de continuité, notamment sur les questions sécuritaires et de développement, mais marque également une rupture par la mise à l’écart de certains poids lourds du précédent cabinet. Ces choix témoignent de la volonté de réorienter les priorités de la transition et d’envoyer un signal fort quant à l’importance de la discipline et de l’alignement stratégique autour de l’agenda du président Traoré.

Reste à savoir si ces ajustements permettront de répondre aux attentes de la population burkinabè, confrontée à des défis majeurs liés à l’insécurité et à une crise humanitaire grandissante. Ce remaniement représente sans doute un test pour Jean Emmanuel Ouédraogo, désormais en première ligne pour traduire en actes la vision de la transition.