En Syrie, plusieurs centaines de soldats américains et russes sont toujours présents, chacun opérant à partir de bases stratégiques. Alors que le pays traverse une période de transition avec l’arrivée de nouvelles autorités après la chute de Bachar el-Assad, une question cruciale se pose : quel avenir pour ces installations militaires étrangères ?

Présence américaine : la base d’Al-Tanf au cœur des enjeux

Les États-Unis maintiennent une présence militaire en Syrie, principalement à Al-Tanf, dans l’est du pays. Cette base, située en plein désert, occupe une position stratégique à proximité des frontières irakienne et jordanienne. Elle contrôle un segment clé de la route reliant Bagdad à Damas, un axe vital pour les échanges régionaux.

Depuis 2016, Al-Tanf sert de point d’appui pour des opérations contre le groupe État islamique (EI) et pour la formation de factions de l’opposition syrienne. Mais son rôle dépasse ce cadre : la base facilite également les frappes aériennes israéliennes contre des cibles dans le nord de la Syrie. Ces frappes, difficiles à réaliser depuis Israël ou le Liban en raison des contraintes géographiques, trouvent dans Al-Tanf un soutien logistique crucial.

Cependant, cette emprise est une source de tension pour Damas, qui considère la base comme une intrusion étrangère nuisible à sa souveraineté.

Présence russe : les bases de Tartous et Hmeimim, pivots stratégiques

De leur côté, les forces russes disposent de deux infrastructures majeures : la base navale de Tartous et l’aérodrome militaire de Hmeimim. Ces installations, situées sur la côte méditerranéenne, jouent un rôle essentiel dans la projection des forces russes, non seulement au Moyen-Orient, mais aussi vers l’Afrique.

La base navale de Tartous permet de réceptionner, stocker et acheminer du matériel militaire, tandis que Hmeimim constitue une plateforme idéale pour les opérations aériennes. Ensemble, ces bases forment un hub logistique indispensable pour la Russie, notamment pour ses activités en Afrique, où elle cherche à renforcer son influence à travers des groupes comme Wagner ou l’Africa Corps.

Comme le souligne Vincent Tourret, chercheur à l’Université de Montréal : « Ces bases représentent un avant-poste stratégique pour la dissuasion russe, notamment face au flanc sud de l’OTAN, mais aussi un point de départ pour ses opérations en Afrique. »

La perte de ces bases serait un coup dur pour Moscou, réduisant sa capacité à opérer en Méditerranée et à soutenir ses ambitions africaines. Elle devrait alors chercher des alternatives, peut-être en Libye ou en Algérie, des partenaires moins stables et moins fiables.

Quelles perspectives pour l’avenir ?

Face à cette situation, les deux puissances cherchent à préserver leurs positions. Les États-Unis justifient leur présence par la lutte contre l’EI et le soutien à leurs alliés locaux. La Russie, quant à elle, mise sur une coopération renforcée avec les nouvelles autorités syriennes pour maintenir ses bases et consolider son rôle d’acteur incontournable dans la région.

Le sort des bases militaires américaines et russes en Syrie dépendra en grande partie des négociations avec les autorités syriennes et de l’évolution des équilibres géopolitiques dans la région. Une chose est certaine : ces bases ne sont pas seulement des infrastructures militaires, mais aussi des leviers stratégiques dans une partie d’échecs mondiale où chaque position compte.

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