Sénégal, Mali, Mauritanie : les patrouilles se renforcent face à la menace sécuritaire

Sénégal, Mali, Mauritanie : les patrouilles se renforcent face à la menace sécuritaire
Alors que les violences s’intensifient dans l’ouest du Mali, le Sénégal renforce sa coopération sécuritaire avec la Mauritanie et la Confédération des États du Sahel (AES).
Dans un contexte régional tendu, marqué par une recrudescence des attaques jihadistes, le Sénégal multiplie les initiatives en matière de sécurité avec ses voisins sahéliens. En mai 2025, l’armée sénégalaise a mené deux patrouilles mixtes avec la Mauritanie et le Mali, selon le Mensuel des armées publié par la DIRPA et consulté par APA.
La première opération s’est déroulée du 15 au 17 mai avec les forces mauritaniennes dans la zone de Galadé–Gourel Adama. La seconde a eu lieu le 22 mai aux côtés de l’armée malienne, entre Dakassénou, Gathiary et Tourékounda, avec une rencontre à la clé avec les autorités locales. Ces actions s’inscrivent dans la dynamique enclenchée avec la première patrouille conjointe officiellement lancée le 20 février à Diboli, point de passage stratégique à la frontière.
Ces efforts coordonnés interviennent alors que la région de Kayes, à l’ouest du Mali, est secouée par une série d’attaques violentes. En l’espace de trois semaines, le cercle de Yélimané a été le théâtre de trois agressions : le 4 mai, une société chinoise de prospection aurifère a été visée à Laghamané ; le 17 mai, un convoi minier a été attaqué entre Diéma et Sandaré, provoquant la mort de plusieurs soldats maliens ; et le 24 mai, le chantier de réhabilitation de la RN1 mené par la société COVEC a été saboté à Tirena‑Marena, paralysant temporairement un axe vital vers la frontière sénégalaise.
Ces actes, revendiqués par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM, affilié à Al-Qaïda), s’inscrivent dans une stratégie ciblant les projets d’infrastructure et les intérêts étrangers. Ils soulignent l’urgence de renforcer la surveillance dans les zones frontalières sensibles.
C’est dans ce contexte que le ministre sénégalais des Forces armées, le général Birame Diop, s’est rendu à Bamako le 19 mai, où il a été reçu par le président de la Transition, le général Assimi Goïta. Cette visite s’inscrit dans une volonté claire de renforcer les liens entre Dakar et les États membres de l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger), formée après leur retrait de la Cédéao.
Le général Diop a transmis un message du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, exprimant la volonté de travailler de manière « constructive » avec le Mali pour faire face aux « défis extrêmement aigus » du continent. Le président Goïta a salué les « liens séculaires d’amitié et de fraternité » entre les deux nations.
Au-delà des patrouilles, la coopération militaire entre Dakar et Bamako repose également sur un accord technique signé en mars 2021, qui permet des échanges de stagiaires militaires. D’autres opérations conjointes, comme celle conduite avec la Mauritanie en septembre 2024, s’inscrivent dans cette dynamique.
La visite du général Diop, la deuxième depuis l’élection du président Faye, confirme la volonté partagée de maintenir un dialogue stratégique actif face à une instabilité croissante à la frontière.