Retourner à nos racines, c’est retrouver notre essence

Retourner à nos racines, c’est retrouver notre essence
Dans un monde en constante mutation, où la globalisation tend à lisser les identités culturelles, l’Afrique se retrouve face à une interrogation vitale : comment participer activement à la dynamique mondiale sans renier ce qui fait notre singularité ? La réponse réside dans un retour lucide et assumé à nos racines. Retrouver notre essence, c’est renouer avec les valeurs, les savoirs et les traditions qui ont façonné notre humanité, pour mieux reconstruire un avenir solide, authentique et porteur de sens.
Les racines, fondements de l’identité
Les racines d’un peuple, c’est sa mémoire collective. Elles portent les traces de son passé, les échos de ses luttes, de ses joies, de ses croyances et de sa vision du monde. En Afrique, elles s’expriment à travers nos langues vivantes, nos contes, nos rythmes, nos danses, nos systèmes familiaux, nos spiritualités, nos formes de solidarité, nos sciences ancestrales.
Ces racines sont les piliers invisibles mais puissants qui ont soutenu des empires, des royaumes et des communautés prospères, bien avant l’arrivée des colonisateurs. Pourtant, sous le poids de la domination culturelle occidentale, nombre de ces repères ont été dévalorisés, relégués au passé, et parfois même diabolisés. Cette aliénation a généré un vide existentiel que beaucoup d’Africains tentent aujourd’hui de combler.
Pourquoi retourner à nos racines ?
1. Réconcilier passé et présent
Retourner à nos racines ne signifie pas s’enfermer dans une nostalgie aveugle. Il s’agit de faire dialoguer notre héritage avec notre réalité contemporaine. Nos traditions renferment des trésors de résilience, d’organisation sociale et d’harmonie avec la nature, qui peuvent inspirer des solutions novatrices aux défis actuels.
2. Renforcer la fierté et la confiance en soi
Un peuple déraciné est un peuple vulnérable. En valorisant nos origines, nous affirmons notre droit à exister selon nos propres termes. Cette fierté retrouvée nous rend plus aptes à créer, à innover, à rayonner sans complexes sur la scène internationale.
3. Préserver l’unicité africaine
Face à une uniformisation galopante des modes de vie, de pensée et de consommation, préserver nos racines devient un acte de résistance culturelle. L’Afrique a une voix, une couleur, une sagesse qui méritent d’être entendues et célébrées.
4. Bâtir un développement enraciné
Nos savoirs endogènes en matière de santé, d’écologie, de gouvernance ou d’économie circulaire peuvent enrichir les modèles contemporains. En alliant tradition et innovation, nous pouvons concevoir un développement durable, équilibré et adapté à nos réalités.
Les défis d’un retour conscient
Ce retour vers nos racines n’est pas un long fleuve tranquille. Il implique de déconstruire les complexes hérités de l’histoire coloniale. Il exige de faire un tri intelligent : conserver ce qui élève, questionner ce qui aliène. Certaines pratiques anciennes doivent évoluer, voire disparaître, pour laisser place à une tradition vivante, critique et évolutive. Ce processus suppose également de revaloriser nos intellectuels, nos conteurs, nos anciens, nos sages — véritables bibliothèques vivantes qu’il nous faut écouter et documenter.
Redécouvrir notre essence : pistes d’action
* Par l’éducation : Refonder les curricula scolaires pour y inclure l’histoire africaine, les langues nationales, les savoirs indigènes, les figures historiques oubliées.
* Par la culture : Encourager la production artistique, littéraire, cinématographique et musicale qui célèbre l’héritage africain avec fierté et audace.
* Par le développement local : Soutenir les initiatives économiques qui s’appuient sur les pratiques ancestrales pour bâtir un avenir durable et inclusif.
* Par le dialogue intergénérationnel : Favoriser les espaces d’échange entre anciens et jeunes pour faire circuler la mémoire vivante et renforcer les liens identitaires.
Retourner à nos racines, c’est un acte de lucidité, de courage et de dignité. C’est reconnaître que l’Afrique n’a pas besoin de se renier pour s’épanouir. Bien au contraire, plus elle se connaît, plus elle s’assume, plus elle rayonne. Ce chemin vers soi est aussi une contribution unique à l’humanité. Car un monde qui respecte toutes ses cultures est un monde plus juste, plus beau, plus riche. Enracinons-nous pour mieux nous élever.
Par Agossou S.B. ATTINZOVE, l’Africain Engagé !