Trois jours après la signature d’un accord de paix avec le Rwanda, la République Démocratique du Congo a célébré, ce lundi 30 juin, les 65 ans de son indépendance dans une atmosphère sobre et marquée par l’attente.

Pas de défilé officiel cette année, mais un message vidéo du président Félix Tshisekedi, diffusé à la nation. Dans un contexte politique et sécuritaire tendu, cette fête nationale a pris une dimension particulière : elle a coïncidé avec une percée diplomatique inédite visant à apaiser les tensions dans l’est du pays.

Vendredi 27 juin à Washington, sous la médiation des États-Unis, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, et son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, ont paraphé un texte censé poser les bases d’une désescalade durable. Il engage notamment les deux pays à respecter l’intégrité territoriale de chacun et à cesser les hostilités dans les zones de conflit.

Depuis février, le front dans l’est semble figé. Pourtant, les violences persistent entre le mouvement rebelle M23, soutenu par Kigali, et des milices locales pro-Kinshasa. Le passé récent reste lourd : les grandes villes de Goma et Bukavu ont été prises en début d’année, et la crise humanitaire, alimentée par les combats, a déjà fait des milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes.

À Kinshasa, l’ambiance était contrastée. Si quelques citoyens ont profité de la journée fériée pour se détendre, d’autres ont manifesté leur soutien au président en organisant des marches vers l’ambassade américaine, saluant ce qu’ils perçoivent comme “un tournant historique”.

“Nous vivons un moment extraordinaire”, s’est réjoui Thimothée Le Noir Efika, du Front des jeunes pour le sursaut patriotique. Mais pour une partie de la population, ces mots sonnent creux. “Le pays est par terre”, confient certains, déçus par des décennies d’instabilité, malgré les promesses successives.

Des figures de l’opposition, telles que Toussaint Alonga ou Jean-Marc Kabund, ancien proche du président devenu critique acerbe du régime, ont profité de cette date symbolique pour dresser un bilan sévère : pauvreté persistante, corruption endémique, absence de perspectives pour la jeunesse.

Alors que des discussions sont en cours à Doha entre Kinshasa et le M23, une rencontre au sommet entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame est annoncée à Washington dans les prochaines semaines.

Reste à voir si ce nouvel accord, qui n’a pas encore fait taire les armes, réussira là où d’autres ont échoué. En ce 30 juin, les Congolais oscillent entre souvenir, scepticisme et fragile espoir.