La République Démocratique du Congo (RDC) fait face à une nouvelle épreuve. La récente décision de l’administration Trump de geler les fonds américains destinés au développement frappe durement un pays où 70 % de l’aide humanitaire provient des États-Unis. Ce gel a des répercussions immédiates, notamment dans l’est du pays, déjà ravagé par des conflits armés et des crises humanitaires récurrentes.

Un Contexte déjà Fragilisé par la Guerre

Depuis des années, l’est de la RDC est le théâtre de violences incessantes. La situation a encore dégénéré avec les récents affrontements opposant les forces gouvernementales au groupe armé M23, soutenu par le Rwanda. L’occupation de Goma par ce groupe a entraîné un lourd bilan : près de 3 000 morts, des milliers de blessés et plus de 700 000 personnes déplacées dans le Nord-Kivu, selon les Nations Unies.

Alors que les ONG locales et internationales tentaient tant bien que mal de faire face aux besoins croissants des populations déplacées, la suspension soudaine de l’aide américaine a porté un coup dur à leurs efforts. Ce retrait inattendu de près d’un milliard de dollars prive les organisations humanitaires de ressources essentielles, compromettant ainsi des programmes vitaux.

Des ONG Paralysées et des Populations Abandonnées

Les conséquences de cette décision sont immédiates et dramatiques. Augustin Karume, cadre dans une association à Bukavu (Sud-Kivu), exprime sa frustration :

« Je suis très, très en colère ! Là où on avait commencé à construire des latrines, on doit tout arrêter ? Si elles ne sont pas terminées, elles ne serviront jamais. Ce n’est rien d’autre que de l’argent de l’USAID jeté par la fenêtre ! » déplore-t-il.

Le Dr Joseph Kakisingi, coordinateur du Forum des ONG nationales (CONAFOHD), qui regroupe plus de 500 organisations, souligne l’impact désastreux de cette suspension :

« Des organisations qui distribuaient de la nourriture dans des camps de déplacés ont dû stopper leurs activités. Des hôpitaux n’ont plus de médicaments, et des programmes de lutte contre la tuberculose, le paludisme ou le VIH sont à l’arrêt. Cela met des vies en danger. »

 

Une Crise Humanitaire à Double Tranchant

La suspension de l’aide américaine survient alors que la RDC est déjà confrontée à des défis sécuritaires majeurs. Les ONG, qui peinent à accéder aux zones les plus touchées en raison de l’insécurité, doivent maintenant composer avec des ressources financières insuffisantes. Luc Lamprière, directeur du Forum des ONG internationales, qui regroupe 124 organisations œuvrant en RDC, met en garde :

« Nous craignons une catastrophe humanitaire exacerbée non seulement par la situation sécuritaire, mais aussi par notre incapacité à répondre aux besoins des populations à cause de cette coupure de financement. »

Un Avenir Incertain

Alors que les populations de l’Est de la RDC continuent de fuir les combats, la suspension de l’aide américaine vient aggraver une situation déjà critique. Les ONG, piliers de la réponse humanitaire dans cette région instable, se retrouvent démunies face à des besoins croissants. Si aucune alternative de financement n’est trouvée rapidement, la crise humanitaire risque de s’intensifier, plongeant des centaines de milliers de personnes dans une détresse encore plus profonde.

Cette décision unilatérale soulève des questions sur la dépendance des pays en crise aux financements extérieurs et sur la nécessité de diversifier les sources d’aide pour éviter de telles catastrophes à l’avenir. En attendant, les Congolais de l’Est, pris en étau entre la violence des armes et l’abandon international, sont les premières victimes de cette décision géopolitique.