RDC : la guerre à l’Est creuse un déficit budgétaire alarmant, selon le FMI

RDC : la guerre à l’Est creuse un déficit budgétaire alarmant, selon le FMI
La guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo ne fait pas que des ravages humains : elle pèse lourdement sur les finances publiques. C’est l’avertissement lancé par le Fonds monétaire international (FMI) à l’issue d’une mission de deux semaines à Kinshasa, dans le cadre de la revue du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit.
Selon le FMI, les dépenses militaires ont explosé au cours des quatre premiers mois de l’année, atteignant déjà la moitié du total enregistré en 2024. Si cette tendance se poursuit, elles pourraient représenter jusqu’à 2,4 % du PIB à la fin de l’année.
En cause notamment : le doublement des salaires des forces armées et de la police, appliqué en mars sans être prévu dans le budget initial. Ce seul ajustement devrait coûter environ 500 millions de dollars sur l’année, selon une source proche du FMI. Pour tenter de rééquilibrer la situation, le gouvernement envisage de soumettre une loi de finances rectificative au Parlement.
Mais le problème ne s’arrête pas aux dépenses. Les recettes aussi subissent les effets du conflit. Plusieurs zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu étant passées sous le contrôle de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC/M23), les régies financières y ont perdu la main sur la collecte des impôts et des taxes. Le manque à gagner est évalué à 400 millions de dollars, soit près de 4 % des recettes prévues.
Le FMI reconnaît qu’un État a le droit de se défendre, mais appelle à une vigilance accrue sur la transparence des dépenses militaires, souvent couvertes par le secret-défense. Il insiste aussi sur la nécessité de maintenir les équilibres macroéconomiques qui rassurent les partenaires et les investisseurs.
Malgré ce contexte tendu, la situation monétaire reste relativement stable. Le taux de change est inchangé depuis six mois et l’inflation est tombée en avril sous la barre des 10 %, une première depuis trois ans.
Pour préserver cette stabilité, le FMI formule plusieurs recommandations : réduire le train de vie de l’État, notamment par des coupes de 20 à 30 % sur les frais de fonctionnement (missions, déplacements, formations), revoir à la baisse les salaires dans les grandes institutions, et renforcer les capacités de collecte des recettes.
Il plaide également pour une réduction des exonérations de TVA, jugées excessives. Rien que sur ce point, la RDC pourrait récupérer jusqu’à 4 % de PIB, selon l’institution. Dans le secteur minier, où les pertes sont jugées colossales, le FMI appelle à un meilleur contrôle des exportations et à l’usage accru des outils numériques pour éviter les sous-déclarations.
Enfin, le Fonds suggère de moderniser l’administration fiscale en intégrant les bases de données des différentes régies, pour croiser les informations fiscales, douanières et bancaires. Objectif : mieux suivre les mouvements commerciaux et respecter la chaîne de la dépense.
Le message du FMI est clair : sans réformes rapides et ambitieuses, le déficit pourrait menacer la stabilité financière du pays.