Alors que la Confédération des États du Sahel (AES) poursuit son intégration avec des symboles forts, Racines Africa International propose une réflexion stratégique sur l’avenir de cette alliance. Son principal plaidoyer : changer le nom de l’AES pour une appellation plus inclusive, qui permettrait à d’autres nations africaines de rejoindre cette union naissante et d’en faire un véritable levier d’unité panafricaine.

L’actuel nom, Alliance des États du Sahel, met l’accent sur une identité géographique restreinte, rendant difficile l’adhésion de pays situés en dehors de cette zone. Pourtant, si l’AES ambitionne de devenir une force politique, économique et militaire de premier plan, son cadre nominal pourrait être un frein à son expansion. Un changement de nom offrirait une plus grande ouverture et un signal fort aux États d’Afrique de l’Ouest et d’autres régions du continent, qui pourraient être intéressés par cette initiative.

Racines Africa International propose ainsi de rebaptiser l’AES en États-Unis d’Afrique (EUA). Ce choix symbolique ferait écho aux idéaux panafricains portés par des figures historiques comme Kwame Nkrumah ou Cheikh Anta Diop, qui rêvaient d’une Afrique unie sous une seule bannière. Cette dénomination marquerait une rupture avec les institutions régionales héritées de la colonisation et affirmerait une volonté de construire un modèle politique et économique propre à l’Afrique, fondé sur des valeurs de souveraineté et de solidarité.

Le changement de nom ne doit pas être une simple formalité, mais s’accompagner d’un véritable projet structurant pour en faire une alternative crédible aux organisations existantes. L’union devrait être conçue de manière à permettre une adhésion progressive des États africains, selon leurs réalités économiques et politiques. Plutôt qu’une fusion brutale, un système de coopération renforcée permettrait aux pays intéressés de s’intégrer à leur rythme, tout en bénéficiant des avantages de l’union.

Pour éviter les écueils rencontrés par d’autres organisations régionales, cette nouvelle confédération devra mettre en place une gouvernance basée sur la concertation, le respect des souverainetés nationales et une prise de décision collective. Un conseil des chefs d’État et un parlement panafricain pourraient être envisagés pour assurer une gouvernance équilibrée.

L’un des principaux défis de l’unité africaine reste l’indépendance économique. La création d’une monnaie commune pour les États membres permettrait de réduire la dépendance aux devises étrangères et de renforcer l’intégration économique. Cette monnaie pourrait être adossée aux ressources naturelles du continent pour garantir sa stabilité.

Face aux défis sécuritaires que traverse l’Afrique, la mise en place d’une force de défense unifiée permettrait d’assurer la stabilité régionale et de protéger les États membres contre les menaces extérieures et internes. Cette armée pourrait être composée de contingents nationaux sous une coordination commune, garantissant une réponse rapide et efficace aux crises.

L’union ne doit pas se limiter à une coopération politique et sécuritaire. Un plan de développement harmonisé dans des secteurs clés comme l’agriculture, les infrastructures, l’industrie, l’éducation et la santé renforcerait l’autosuffisance du continent et favoriserait l’essor d’une économie africaine intégrée et compétitive.

L’instauration d’un passeport commun, à l’image des initiatives prises par l’AES, serait un premier pas vers une véritable intégration. Cette mesure favoriserait les échanges économiques et culturels, tout en renforçant le sentiment d’appartenance à une communauté africaine unie.

Pour peser davantage dans les décisions mondiales, les États-Unis d’Afrique pourraient parler d’une seule voix sur les grandes questions internationales. Cela renforcerait la position du continent face aux grandes puissances et permettrait d’obtenir de meilleures conditions dans les négociations économiques et politiques.

Le débat sur le nom de l’AES ne se limite pas à une simple question symbolique. Il s’agit d’un choix stratégique qui déterminera la portée et la pérennité de cette confédération. L’initiative de Racines Africa International ouvre la voie à une réflexion plus large sur l’unité africaine et sur la manière dont l’Afrique peut enfin prendre en main son destin.

L’AES pourrait-elle devenir demain le noyau des États-Unis d’Afrique ? La question est posée, et elle mérite un débat approfondi au sein des cercles panafricains.

Agossou S. B. ATTINZOVÈ, le Président