Quand l’innovation chinoise booste l’agriculture africaine

Quand l’innovation chinoise booste l’agriculture africaine
Quand l’innovation chinoise booste l’agriculture africaine
BEIJING, 30 mars (Xinhua) — À Abuja, au Nigeria, une révolution agricole prend forme. Dans un centre de démonstration, des experts chinois forment des agriculteurs locaux à l’utilisation d’une ligne de production de farine de manioc. Ce projet, fruit d’un partenariat entre Green Agriculture West Africa Limited et l’Institut des ressources génétiques pour les cultures tropicales de l’Académie des sciences agricoles tropicales de Chine (CATAS), vise à accroître les rendements et à renforcer les capacités de transformation sur le continent africain.
Le manioc, culture vivrière majeure en Afrique, souffre de rendements limités en raison de variétés obsolètes et de technologies rudimentaires. Face à ce constat, des institutions chinoises, notamment la CATAS, ont collaboré avec plusieurs pays africains comme le Nigeria et la République du Congo pour moderniser les pratiques agricoles et introduire de nouvelles variétés performantes.
Les résultats sont déjà palpables. En République du Congo, des variétés de manioc à haut rendement et résistantes aux maladies ont été introduites, doublant la production sur 2.200 hectares de terres cultivées. Certaines variétés ont même affiché une augmentation de rendement de 400 % par rapport aux cultures traditionnelles.
Au-delà du manioc, la CATAS diversifie son action. Depuis une dizaine d’années, elle déploie ses technologies pour d’autres cultures tropicales comme le caoutchouc, les noix de cajou et les bananes. Plus de 50 nouvelles variétés et technologies ont été introduites en Afrique, et plus de 3.000 agriculteurs locaux ont reçu une formation technique, facilitant ainsi un transfert de compétences durable.
L’impact est visible notamment dans la filière bananière. Au Malawi, où une maladie avait décimé les plantations de bananes, l’intervention chinoise a permis, dès 2021, d’endiguer la propagation et de relancer la production. Cette expertise bénéficie à des entrepreneurs comme Lucy Mimano, une Kenyane qui, grâce à une formation de la CATAS sur la culture tissulaire, a monté sa propre pépinière, fournissant des plants à l’Afrique de l’Est et du Centre.
Pour Laila Barnaba Lokosang, coordinateur technique principal à la Commission de l’Union africaine, cette coopération sino-africaine est cruciale pour améliorer la productivité des petits exploitants. Toutefois, il estime que le défi majeur reste à venir : aller au-delà de la simple augmentation de production en investissant dans la transformation des matières premières. Créer de la valeur ajoutée, c’est là que réside l’avenir de l’agriculture africaine.
M. Lokosang, impressionné par les unités de transformation agroalimentaire en Chine, rêve d’une coopération encore plus poussée. Selon lui, si l’Afrique parvient à structurer ses chaînes de production et à exporter ses spécialités agroalimentaires, le partenariat sino-africain pourrait entrer dans une nouvelle ère, plus équilibrée et mutuellement bénéfique.