Marrakech : Le Festival du Livre Africain, un Carrefour Culturel Incontournable

Marrakech : Le Festival du Livre Africain, un Carrefour Culturel Incontournable
Le Festival du Livre Africain de Marrakech (Flam) s’est affirmé comme un rendez-vous majeur de la littérature africaine. Pour sa troisième édition, cet événement a rassemblé écrivains, intellectuels et milliers de passionnés dans des discussions vibrantes et inspirantes, célébrant la pluralité des voix du continent et de ses diasporas.
Ce festival est désormais un grand rendez-vous pour les amoureux de la littérature. Durant sa troisième édition, il a attiré un public nombreux, avec des événements variés tels que des conférences, des séances de dédicaces, des cafés littéraires et des petits déjeuners avec les auteurs, créant une atmosphère conviviale et enrichissante.
Au Riad El Kebir, dans la médina de Marrakech, rires et débats ont résonné pendant quatre jours. Cet espace, géré par le centre culturel des Étoiles de Jamâa el-Fna, fondé par l’artiste Mahi Binebine et le réalisateur Nabil Ayouch, a accueilli une quarantaine d’écrivains, penseurs et intellectuels venus de toute l’Afrique, d’Europe, d’Amérique et des îles. Parmi les participants figuraient des figures de proue telles que Felwine Sarr, Christiane Taubira, Emmanuel Dongala, Mohamed Mbougar Sarr et Rokhaya Diallo. Ces derniers ont partagé leur vision de l’histoire africaine, souvent entrelacée avec celle du monde.
Felwine Sarr a souligné que “l’histoire est fondamentalement irréparable, mais peut être soignée”, une réflexion profonde sur les processus de guérison et de réconciliation à l’échelle du continent. L’écrivain Abdourahman Waberi, fervent défenseur du festival, y voit un véritable carrefour culturel : “C’est notre maison de la culture”, a-t-il exprimé, soulignant l’importance de ce lieu pour repenser la relation entre l’Afrique et l’Occident.
Au-delà des discussions intellectuelles, le Flam s’est également distingué par sa volonté de rendre la littérature africaine accessible à tous. Dans une ambiance chaleureuse, les jeunes de Marrakech ont eu l’opportunité de rencontrer des auteurs autour de petits déjeuners conviviaux. Colette Fellous, Myriam Jebbour et Rachid Benzine ont partagé leurs parcours, évoquant des sujets de passion et de création. Pour beaucoup, c’était l’occasion de poser des questions concrètes : “Comment se faire publier ?” ou encore “Peut-on vivre de son écriture ?”
Hanane Essaydi, l’une des fondatrices du festival, a expliqué que l’objectif principal était de “faire découvrir ces auteurs et leurs œuvres aux jeunes Marocains”, souvent éloignés de ces mouvements littéraires. “Rencontrer un auteur peut changer la vie d’un jeune”, a-t-elle affirmé, soulignant l’importance de ces échanges.
L’édition de cette année a mis un accent particulier sur les femmes écrivaines, encore trop peu visibles dans le monde littéraire. Mahi Binebine a expliqué que les autrices occupent une place trop marginale dans les débats littéraires. C’est pourquoi plusieurs tables rondes ont été dédiées à l’afroféminisme, à la puissance de l’imaginaire féminin et à la manière dont les autrices défient les tabous sociaux pour défendre les droits des femmes. Parmi les intervenantes, on retrouvait Christiane Taubira, Maboula Soumahoro et Fedwa Misk, auteure d’une bande dessinée engagée sur l’avortement au Maroc.
Le festival a également honoré la romancière mauricienne Ananda Devi, qui, lors de sa leçon inaugurale, a livré une réflexion émouvante sur les “femmes qui me parlent”, dévoilant un texte poignant sur l’héritage des aïeules et l’intimité entre auteure et lectrices. “C’est une manière d’entrer en contact avec des lectrices qui peuvent être seules chez elles, mais qui, à travers mes mots, découvrent une porte ouverte sur le monde”, a-t-elle conclu.
Le Flam ne se contente pas d’être un lieu de réflexion, il s’impose aussi comme un espace de création. Des ateliers d’écriture ont permis aux jeunes filles issues de milieux ruraux de s’exprimer librement, en écrivant poésie et slam. “Ces moments sont un tremplin pour leur confiance en elles et pour la découverte de leur talent”, a ajouté Hanane Essaydi.
Ainsi, le Festival du Livre Africain de Marrakech, dans sa diversité et son engagement, continue de tisser des liens forts entre les générations, les cultures et les idées. C’est un événement vivant, joyeux et nécessaire, qui contribue à l’épanouissement de la littérature africaine et à la création d’un véritable réseau littéraire mondial.