L’air est lourd et vibrant dans la grande salle de conférence d’Abuja. Décideurs politiques, chefs d’entreprise, universitaires et partenaires internationaux se sont réunis les 13 et 14 août 2025 pour un rendez-vous qui pourrait façonner l’avenir numérique du continent : la Conférence sur l’économie numérique et l’inclusion (AFDEIC).
Le thème, inscrit en lettres d’or derrière la tribune — « L’IA et l’économie numérique africaine : ne laisser personne de côté » — résonne comme un appel.

Ici, on parle d’avenir, mais aussi d’un combat silencieux : celui de l’Afrique pour entrer dans l’ère de l’intelligence artificielle non en spectatrice, mais en actrice à part entière.

Dans les allées, les conversations se mêlent aux présentations. On évoque DoctorIA, cet algorithme rwandais qui, en l’absence de spécialistes, affine des diagnostics médicaux avec une précision remarquable. On parle aussi d’AWA, l’intelligence artificielle sénégalaise qui s’exprime en wolof et qui s’intègre déjà à WhatsApp, comme si les langues africaines avaient trouvé un nouvel espace numérique pour s’épanouir.

Pourtant, derrière ces éclats d’innovation, se dresse la réalité implacable des chiffres : aujourd’hui, l’économie numérique africaine pèse 115 milliards de dollars. Elle pourrait atteindre 712 milliards d’ici 2050… si, et seulement si, les obstacles sont surmontés.

Car les défis sont connus et répétés : accès limité à internet, infrastructures électriques fragiles, pénurie d’experts formés. L’indice 2023 de préparation à l’IA d’Oxford Insights rappelle une vérité amère : l’Afrique subsaharienne reste la moins équipée au monde pour saisir pleinement cette révolution.

Le professeur Seydina Ndiaye, figure respectée du domaine, ne mâche pas ses mots :
« On dispose déjà de ressources suffisantes pour accomplir beaucoup, mais sans un engagement fort des gouvernements, tout cela reste limité. Les discours abondent, les actions concrètes manquent. »

L’Union africaine, consciente de l’urgence, a initié l’an dernier une stratégie continentale sur l’IA, avec l’horizon 2030 en ligne de mire. Des cadres réglementaires, des instances de gouvernance et un Conseil africain de l’IA formé par une quarantaine d’États témoignent de la volonté de bâtir un avenir numérique sur des bases solides. Le Sénégal et le Rwanda tracent déjà leur feuille de route nationale.

Pourtant, la dépendance technologique persiste. Les infrastructures, les logiciels, souvent importés, creusent le fossé avec les acteurs internationaux. L’Afrique a pris le départ de la course, mais le peloton est déjà loin devant.

Dans la salle, un murmure se propage, mêlé d’optimisme et de lucidité : l’avenir numérique de l’Afrique ne se jouera pas uniquement dans les discours, mais dans la capacité à transformer la vision en action.

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✍🏽 Racines Africa News !