L’Avenir des Enfants en Afrique : Entre Imposition et Accompagnement

L’Avenir des Enfants en Afrique : Entre Imposition et Accompagnement
Dans de nombreuses sociétés africaines, l’avenir professionnel des enfants est encore trop souvent l’affaire exclusive des parents. Poussés par leurs rêves non réalisés, les pressions sociales ou le désir de garantir la réussite de leur progéniture, certains imposent des choix de carrière sans tenir compte des talents, des aspirations ou de la sensibilité des enfants. Si cette démarche peut partir d’un amour sincère ou d’un sentiment de responsabilité, elle débouche parfois sur une forme subtile de dépossession : celle du droit de rêver et de choisir sa propre voie.
Un héritage culturel à questionner, non à rejeter
Le respect des parents, la valorisation de certaines professions « nobles » et la volonté d’assurer une sécurité économique sont profondément ancrés dans la culture africaine. Dans ce contexte, des carrières comme la médecine, le droit, la fonction publique ou l’ingénierie sont souvent perçues comme des voies de prestige, tandis que les métiers artistiques, artisanaux, sportifs ou entrepreneuriaux sont relégués au second plan, voire dévalorisés.
Mais il est temps de distinguer tradition et oppression. L’autorité parentale ne devrait pas se transformer en autoritarisme éducatif. Il ne s’agit pas de rejeter les valeurs africaines, mais de les adapter à un monde en pleine mutation, où la créativité, la flexibilité et l’innovation sont devenues aussi cruciales que la stabilité et la rigueur.
Quand les rêves parentaux étouffent les vocations
Imposer un avenir professionnel à un enfant, c’est courir le risque de compromettre son équilibre personnel et son épanouissement. Les conséquences sont souvent lourdes :
1- Une perte d’identité : l’enfant apprend à vivre selon les attentes des autres, au détriment de sa propre nature.
2- Un manque de motivation : sans passion, le travail devient une contrainte, et non une mission.
3- Des tensions familiales : les frustrations s’accumulent, nourrissant des conflits générationnels et un mal-être latent.
4- Une fuite silencieuse des talents : en étouffant les vocations naturelles, on freine l’émergence de leaders créatifs, d’artistes visionnaires, d’innovateurs audacieux dont l’Afrique a cruellement besoin.
Accompagner, c’est croire en son enfant
* L’accompagnement parental doit remplacer l’imposition. Il repose sur trois piliers :
* L’écoute active : prendre le temps de comprendre ce qui fait vibrer l’enfant, ses talents, ses rêves et ses inquiétudes.
* L’ouverture d’esprit : valoriser tous les métiers utiles et dignes, qu’ils soient traditionnels ou modernes, populaires ou émergents.
* Le soutien concret : offrir les moyens – financiers, émotionnels, éducatifs – pour permettre à l’enfant de se former, d’explorer, d’échouer et de recommencer.
L’accompagnement parental n’est pas une abdication de l’autorité, mais une mutation vers une parentalité éclairée, faite de respect mutuel, de guidance douce et de confiance partagée.
L’Afrique de demain se construit avec des enfants épanouis
Un continent ne peut s’épanouir qu’à travers des citoyens qui ont appris, dès l’enfance, à penser par eux-mêmes, à croire en leurs capacités et à agir avec sens et passion. L’Afrique ne doit plus produire des générations d’enfants formatés pour faire plaisir à leurs parents, mais des hommes et des femmes libres, responsables, et pleinement investis dans leur mission de vie.
Il est temps que les parents africains passent du rôle de prescripteurs au rôle de partenaires. Il est temps d’accompagner les enfants non pas vers les rêves inachevés de leurs géniteurs, mais vers leur propre destinée, choisie, assumée, construite. Une jeunesse libre et épanouie est la meilleure promesse pour une Afrique audacieuse, inventive et prospère.
Par Agossou S.B. ATTINZOVE, l’Africain Engagé !