Ouagadougou, juin 2025 — Le Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina Faso a officiellement enjoint Canal+ à garantir l’accès gratuit et continu aux chaînes publiques nationales, même pour les abonnés dont les forfaits sont arrivés à expiration. Cette exigence, contenue dans la convention signée en février 2025 entre le CSC et l’opérateur de télévision par satellite, vise à protéger le droit fondamental à l’information pour tous les citoyens.

 

Une obligation contractuelle et citoyenne

 

Le CSC, autorité administrative indépendante chargée de la régulation des médias audiovisuels, a rappelé que cette disposition figure clairement dans les clauses de la convention en vigueur avec Canal+. Elle impose à l’opérateur de permettre la réception gratuite des chaînes publiques nationales, notamment la RTB (Radiodiffusion Télévision du Burkina), considérées comme un service essentiel d’information publique.

 

“Le droit à l’information est un droit constitutionnel. Il ne peut être soumis à des conditions de paiement, surtout lorsqu’il s’agit des chaînes publiques financées par les impôts des citoyens”, a déclaré un représentant du CSC.

 

Une décision dans un contexte de régulation renforcée

 

Cette mesure intervient dans un climat de vigilance accrue de la part du CSC à l’égard des opérateurs audiovisuels. En novembre 2024, Canal+ Burkina avait été sanctionné à hauteur de 25 millions de FCFA pour avoir diffusé l’émission étrangère The Bachelor, jugée incompatible avec les valeurs culturelles du pays. De son côté, la chaîne TV5Monde a été suspendue pour six mois en juin 2024 après la diffusion de propos considérés comme tendancieux sur la situation sécuritaire au Burkina Faso.

 

Ces décisions illustrent une volonté de l’organe régulateur burkinabè de recentrer les médias autour de leur rôle d’information, de cohésion sociale et de respect des valeurs nationales.

 

Un précédent important pour les droits des téléspectateurs

 

L’obligation faite à Canal+ pourrait faire jurisprudence et ouvrir la voie à des exigences similaires dans d’autres pays africains où la télévision payante est majoritairement détenue par des groupes privés. Pour les défenseurs des droits numériques et de l’accès à l’information, cette décision est salutaire : elle place la souveraineté informationnelle au cœur des politiques audiovisuelles.

 

Le CSC a donné un délai court à Canal+ pour se conformer à cette obligation. En cas de non-exécution, des sanctions pourraient être envisagées.