Le 11 mai 1981, le souffle de Robert Nesta Marley s’éteignait à Miami, laissant derrière lui bien plus qu’un simple héritage musical. Icône rasta, fervent panafricaniste, Bob Marley fut un messager vibrant de l’unité noire, portant sur ses épaules le fardeau des opprimés. Son engagement dépassait largement le symbole de ses dreadlocks, embrassant les luttes pour la liberté en Angola, en Rhodésie (actuel Zimbabwe) et en Afrique du Sud, non pas depuis le confort d’une tribune occidentale, mais depuis les réalités crues de Trenchtown, où les balles sifflaient au rythme des mensonges colonialistes. Son hymne “Zimbabwe” résonnait comme un cri pour l’autodétermination, une aspiration profonde qu’il partageait avec Marcus Garvey, un autre Jamaïcain visionnaire qui rêvait d’un retour triomphal des Africains de la diaspora vers leur terre ancestrale.

 

Pourtant, l’histoire tragique de Garvey, oublié et exilé, résonne avec une amère actualité. Un proverbe jamaïcain poignant évoque son “échange contre un sac de riz”, une métaphore glaçante de la manière dont la misère peut parfois pousser les peuples à aliéner leurs propres libérateurs. Aujourd’hui encore, des voix s’élèvent en Afrique, à l’image de Marley et Garvey, prônant l’unité et la souveraineté populaire, mais se heurtent souvent à l’indifférence, voire à la répression. Le combat panafricain ne se limite pas à une image de Sankara partagée en ligne ; il exige un refus catégorique de la trahison, de la vente des peuples pour des intérêts économiques ou politiques étroits. L’héritage de Bob Marley, son choix d’une conscience africaine au-delà des succès commerciaux, son soutien financier à la révolution zimbabwéenne et son refus de tout compromis résonnent comme un appel vibrant à notre génération : “Get up, stand up, stand up for your rights!” Ce n’est pas un simple slogan, mais un testament, un ordre pour les quartiers populaires de Bamako à Port-au-Prince. Le 11 mai n’est pas qu’une date, c’est un rappel que les “traîtres” sont toujours parmi nous, et qu’il nous incombe d’honorer la mémoire de ces prophètes en incarnant leur message d’unité, de résistance et de fierté panafricaine. One Love. One Destiny. One Africa.