Bamako, 6 avril 2025 – Sous un ciel voilé et dans une atmosphère lourde d’émotion, le Mali a dit adieu à l’un de ses plus grands artistes : Amadou Bagayoko. Le légendaire guitariste et chanteur, moitié du duo emblématique Amadou & Mariam, repose désormais dans le jardin de sa maison, là où il avait vécu, aimé, et créé.

Ils étaient des milliers, ce dimanche, à converger vers la rive droite du fleuve Niger. Famille, amis, fans de la première heure, mais aussi artistes et figures politiques, tous réunis dans le silence ou les chants, venus saluer une dernière fois celui qui, par sa musique, a fait rayonner le Mali bien au-delà de ses frontières.

« Le monde de la culture perd un grand homme. Il a porté haut la culture malienne », a déclaré le ministre de la Culture, Mamou Daffé. Dans la foule recueillie, le célèbre Salif Keïta s’est joint à l’hommage, tout comme d’autres artistes et compagnons de route. Les boubous blancs se mêlaient aux tenues noires, les larmes aux chants, les louanges aux sanglots.

Quelques mains tenaient des portraits d’Amadou, tandis que les voix de femmes s’élevaient, scandant des paroles en son honneur. « Mon père était discret et pieux. Au-delà de l’artiste, il incarnait l’humanité », a confié sa fille Kadiatou, voilée de noir, la voix tremblante.

Amadou Bagayoko s’est éteint vendredi 4 avril à l’âge de 70 ans, emporté par la maladie. Sa disparition a suscité une vague d’émotions au Mali et à travers le monde. Il laisse derrière lui une œuvre immense et un vide que seule la mémoire des chansons pourra combler.

Avec Mariam Doumbia, sa complice de toujours, il formait depuis près de cinquante ans un couple à la fois musical et amoureux. Leur rencontre, en 1976 à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako, scellait le début d’une histoire unique. Ensemble, ils ont parcouru les scènes du monde entier, porté par le succès planétaire de Dimanche à Bamako en 2004, album produit par Manu Chao.

« Amadou est parti comme ça. Je vais désormais rester seule dans la vie », a murmuré Mariam, effondrée. Elle perd son partenaire de scène, de vie, et d’âme. Ensemble, ils avaient trois enfants, témoins vivants d’un amour profond, traversé de musique et de tendresse.

Dans l’intimité de sa maison, entouré des siens, Amadou repose à présent. Le Mali pleure un homme, le monde pleure une voix. Mais ses accords, eux, continueront de résonner.