L’inscription de sites malawite et camerounais survient alors que plusieurs autres sites africains quittent la liste des sites en péril, malgré les menaces persistantes des conflits et du changement climatique.

 

Depuis le vendredi 11 juillet, le mont Mulanje au sud du Malawi (photo) et le paysage culturel Diy-Gid-Biy des monts Mandara dans l’Extrême-Nord du Cameroun, figurent au patrimoine mondial de l’UNESCO. Leur inscription a été entérinée lors de la 47e session élargie du Comité du patrimoine mondial, qui se tient à Paris jusqu’au 16 juillet.

 

Cette admission survient alors que l’institution a également retiré cette semaine plusieurs sites africains de sa liste du patrimoine mondial en péril. Les Forêts humides de l’Atsinanana à Madagascar, le site d’Abou Mena en Égypte et l’ancienne ville de Ghadamès en Libye ne sont ainsi plus considérés comme gravement menacés. « C’est une grande victoire pour tous » a déclaré à ce sujet la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay.

 

Les multiples défis du patrimoine africain

 

Malgré ces progrès, le continent abrite encore près d’un quart des sites classés en péril, alors qu’il ne représente que 9% de ceux inscrits. Les conflits armés représentent une menace directe et immédiate. Au Soudan, les combats entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR) ont ainsi impacté des sites classés.

 

Des incursions des FSR dans les zones archéologiques de Naqa et Musawwarat es-Sufra près de l’île de Méroé, ont notamment été rapportées par les autorités de l’État du Nil, soulevant des craintes de vandalisme, de pillage et de destruction pour ces vestiges du royaume de Koush, vieux de plus de 2000 ans.

 

Entre 2012 et 2013, ce sont des destructions ou dégâts qui ont été subis par les mausolées et monuments de Tombouctou au Mali, causés par des groupes islamistes armés n’ayant cure de la valeur inestimable du site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO dès 1988. Au-delà des conflits, le changement climatique accentue les risques d’érosion et de dégradation. L’urbanisation rapide et la faiblesse des législations de protection dans de nombreux pays africains exacerbent également la vulnérabilité du patrimoine.

 

Approche inclusive

 

Face à ces enjeux, l’UNESCO a augmenté son budget dédié à l’Afrique à plus de 27% de son budget total en 2025 dans le cadre de sa stratégie « Priorité Afrique ». Parmi les avancées majeures figure également l’adoption en mai dernier du Document de Nairobi, qui vise à mieux prendre en compte les spécificités culturelles africaines, notamment les traditions orales et les usages vivants, dans les critères d’inscription.

 

Toutefois, les actes de vandalisme à Tombouctou suffisent à rappeler qu’inscrire un monument au patrimoine mondial de l’UNESCO ne le protège pas automatiquement. La mobilisation des acteurs et la mise en œuvre concrète de stratégies de protection sont nécessaires pour préserver ces trésors archéologiques.